Plus d’un demi-siècle après la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’attitude des Français sous l’occupation allemande suscite encore le débat… et bien des stéréotypes. Entre deux minorités engagées, l’une dans les mouvements et réseaux de Résistance, l’autre dans les partis de Collaboration, comment se comporta réellement la masse de la population ? Une représentation plutôt noire s’est incrustée dans les mémoires, laissant une impression peu glorieuse de passivité et d’accommodation. Durant ces années sombres, les Français se sont-ils vraiment contentés de faire la queue devant les magasins, de se livrer au marché noir, en attendant sans réagir leur libération par les Alliés ? L’exemple d’un département de l’Ouest français, tel que le Calvados, où se manifeste précocement une opinion foncièrement germanophobe, anglophile et gaulliste, face à une occupation allemande particulièrement lourde et à un régime de Vichy rêvant – sans grand succès – d’instaurer sa Révolution nationale, oblige à revenir sur les habituels poncifs du genre et contribue à restaurer l’image d’une population qui n’a pas forcément à rougir de son comportement.