En 2010-2011, l'Inrap a mené des fouilles préventives sur une trentaine d'hectares en berge de Seine, à Alizay et Igoville, face à Pont-de-l'Arche (Eure). La longue séquence d'occupation inaugurée à la Préhistoire se conclut à l'époque carolingienne (862) par la construction d'un pont fortifié interdisant aux Vikings la remontée vers Paris. En 2010, la fouille de l'une des fortifications gardant les têtes de ce pont, sur un peu plus de 4 hectares, a permis de prolonger les recherches antérieures de l'archéologue britannique Brian Dearden. Le rempart formant l'angle nord-est de ce castrum quadrangulaire comprend, dans son dernier état, trois fossés talutés, larges de 15 à 20 mètres pour 4 à 5 mètres de profondeur. Le plus ancien talus, daté du IXᵉ siècle, intègre un poutrage de chêne qui l'apparente au murus gallicus et trouve divers parallèles dans la poliorcétique du haut Moyen Âge. Le comblement des fossés a livré un abondant mobilier, essentiellement métallique, dont la chronologie renvoie aux occupations successives de la forteresse dans la seconde moitié du IXᵉ siècle, aux XIIᵉ-XIIIᵉ puis aux XIVᵉ-XVᵉ siècles. Au second Moyen Âge se rapporte notamment une exceptionnelle série de méreaux, en lien avec le chantier du pont fortifié. À l’intérieur de l’enceinte ont été mis au jour de grands fours culinaires, des fosses et quelques bâtiments sur poteaux du IXᵉ siècle. S’y ajoutent deux petits groupes funéraires formés d’une majorité de locaux, femmes et enfants, avec quelques jeunes hommes d’origine extérieure, vraisemblablement des colons militaires (haistaldi) évoqués par les textes. Tous présentent une usure squelettique compatible avec l’hypothèse d’une population modeste affectée au chantier. Ces données de fouille se prolongent par l’étude des fortifications médiévales et modernes de Pont-de-l’Arche, et notamment celles du temps de Philippe Auguste. L’ensemble restitue ainsi l’histoire de la mise en défense de la Seine depuis les grands raids vikings jusqu’aux Temps modernes.
1 – Introduction
1.A – Méthodologie et dispositions générales de la fouille
1.B – Le contexte paléoenvironnemental de la séquence d'Alizay-Igoville
1.C – Position chrono-stratigraphique des vestiges médiévaux
2 – Le fort de Limaye, à Igoville : des annales carolingiennes aux premières investigations archéologiques
2.A – Le riche dossier des annales carolingiennes
2.B – Un chantier archéologique inauguré dans les années 1980
2.C – Un millénaire d'histoire fluviale et militaire
3 – L'enceinte carolingienne et ses évolutions
3.A – L'enceinte
3.A.a – Les fossés
3.A.b – L'aire interne de l'enceinte
3.A.c – Un accès probable à l'enceinte
3.A.d – Chemins, clos et parcellaire laniéré des XIVᵉ XXᵉ siècles
3.A.e – Synthèse des données sur l'enceinte carolingienne et son devenir
3.B – Les témoins d'occupation extérieurs à l'enceinte
3.B.a – Un groupement de fours, le site 81
a) Les fours
b) Trous de poteaux et constructions
c) La fosse 70115
3.B.b – Quatre fours isolés, les sites 74, 78, 79 et 80
a) Le site 74
b) Le site 78
c) Le site 79
d) Le site 80
3.B.c – Synthèse des données sur l'occupation extérieure à l'enceinte
4 – Les vestiges funéraires
4.A – Présentation générale et chronologie
4.B – Les pratiques funéraires
4.B.a – Méthodologie
4.B.b – Traitement du corps et orientation des sépultures
4.B.c – Les fosses sépulcrales
4.B.d – Les modes d’inhumation
a) Décomposition du corps en espace vide
b) Décomposition du corps en espace colmaté
c) Décomposition du corps en espace semi-colmaté (ou intermédiaire)
4.B.e – Architecture funéraire et aménagements particuliers
4.B.f – Le mobilier funéraire
4.C – Données anthropologiques
4.C.a – Méthodologie
a) Détermination du sexe
b) Estimation de l’âge au décès
c) Étude des caractères discrets
d) Étude des lésions paléopathologiques
4.C.b – État de conservation et représentation des ossements
4.C.c – Indications paléodémographiques
a) Diagnose sexuelle
b) Estimation de l’âge au décès
c) Organisation de l’espace sépulcral
d) Indications paléodémographiques des sépultures isolées
4.C.d – Caractères discrets et autres variantes anatomiques
4.C.e – État sanitaire de la population (étude paléopathologique)
a) Pathologies dentaires
b) Pathologies dégénératives et marqueurs d’activités
c) Indicateurs de stress et dystrophies de croissance
4.D – Résultats préliminaires d’une étude multi-isotopique visant à déterminer l’origine géographique des individus inhumés au sein du groupement funéraire carolingien
4.D.a – Résumé des principes méthodologiques
4.D.b – Résultats préliminaires
4.D.c – Hypothèses d’interprétation
4.E – Conclusions de l’étude anthropologique
5 – Les mobiliers
5.A. – La céramique
5.A.a – Datation du corpus
5.A.b – Typologie et décors
5.A.c – Techniques et provenances
5.A.d – Conclusion
5.B – Les restes archéozoologiques
5.B.a – Les données
5.B.b – Analyse
5.B.c – Conclusions
5.C – Le mobilier métallique
5.C.a – État des lieux et catégorisation fonctionnelle
5.C.b – Datation
a) Bas Moyen Âge
b) Époque moderne
c) Époque contemporaine
5.C.c – Étude typochronologique
a) Garnitures de ceintures et de lanières
a.1) Boucles isolées
a.2) Boucles à chape
a.3) Chapes isolées
a.4) Appliques
b) Autres accessoires vestimentaires
c) Outillage artisanal
c.1) Dés et bagues à coudre
c.2) Un possible fuseau
d) matériel halieutique
e) Mobilier équestre
e.1) Contexte de découverte
e.2) Fers d’équidés
e.3) Harnachement
f) Armement
f.1) Armement médiéval
f.2) Armement moderne
g) Serrurerie
h) Ustensiles de cuisine et de table
i) Enseigne de pèlerin
5.D – Le mobilier numismatique
5.D.a – Monnaies, contexte archéologique et usage du détecteur de métaux
5.D.b – Inventaire sommaire
5.D.c – Profil chronologique du corpus
a) Méthode de réalisation des profils
b) Raison d’être des variations chronologiques
c) Variations observables à Alizay
5.D.d – Quels faciès monétaires pour les occupations
5.D.e – Monnaies et contextes archéologiques
5.D.f – Interprétation des résultats
a) Le bruit de fond des années 1135-1145
b) Les années 1200-1250 env. : des méreaux de salaire pour un chantier royal ?
c) Un nouveau chantier vers 1320-1350 ?
d) Une faible fréquentation après la fin du Moyen Âge
5.D.g – Inventaire détaillé
5.E – Mobiliers et occupations : synthèse des données
6 - Le pont et les fortifications d’Alizay-Igoville et Pont-de-l’Arche dans leur contexte architectural, du IXᵉ à la fin du XVIIIᵉ siècle
6.A – Des origines antiques au IXᵉ siècle : antécédents et contexte de la construction du pont fortifié d’Alizay
6.B – Le pont et la fortification d’Alizay-Igoville au cours du premier Moyen Âge, IXᵉ-XIIᵉ siècle : l’apport des textes
6.B.a – Le haut Moyen Âge
6.B.b – Essai d’historique de la propriété avant 862
6.B.c – Gauzlin de Jumièges et le castellum de Pont-de-l’Arche
6.B.d – La nature des travaux de fortification des années 860
6.B.e – De la fin du IXᵉ à la fin du XIIe siècle
6.C – Aux têtes du pont : les fortifications du château, du pont et de la ville de Pont-de-l’Arche, des années 1200 à la fin du XVIIIᵉ siècle
6.C.a – Pont-de-l’Arche dans la guerre franco-anglo-normande de 1193-1204
6.C.b – Pont-de-l’Arche sous les rois de France : une place militaire stratégique et un centre administratif royaux sur la Seine
6.D – Le château, le pont et la ville fortifiée de Pont-de-l’Arche
6.D.a – Du castrum primitif à la ville médiévale enclose
a) L’enceinte urbaine : un plan directeur d’une grande homogénéité, remanié seulement à la marge
b) Caractères architecturaux des vestiges conservés de l’enceinte dans son état primitif
b.1) Tours de flanquement et courtines
b.2) Porteries à deux tours et poternes
c) Une attribution évidente à Philippe Auguste au début du XIIIᵉ siècle, et des modifications postérieures
6.D.b – Le pont : un ouvrage remarquablement résilient durant l’Ancien Régime
a) Description de l’ouvrage
b) Restauration et reconstructions partielles
c) Un pont en parfaite cohérence avec ses têtes
6.D.c – Le château : un grand témoin des luttes franco-normandes, aujourd’hui disparu
a) Dispositions générales et défenses avancées
b) L’enceinte du château et la tour maîtresse
c) le « donjon » et les logis royaux
6.E – Un site profondément marqué par le grand dessein initial de Philippe Auguste : les « châteaux-têtes de pont » philippiens
Annexe 1 – Liste des plans et élévations du château, du pont et de la ville de Pont-de-l’Arche
Annexe 2 – Sources relatives au château de Pont-de-l’Arche
Annexe 3 – Sources relatives à l’enceinte urbaine de Pont-de-l’Arche
Annexe 4 – Sources relatives au Manoir du Roi et à la geôle de Pont-de-l’Arche
Annexe 5 – Le pont et la chaussée de Pont-de-l’Arche
Annexe 6 – L’Hôtel-Dieu de Pont-de-l’Arche
7 – Conclusions
7.A – De nouvelles données archéologiques sur la fortification du pont carolingien et son évolution jusqu’à l’ère contemporaine
7.B – Un ensemble mobilier exceptionnel
7.C – De la chronologie générale des occupations : essai de synthèse
7.D – Un grand témoin de la mise en défense de la Seine à partir de l’époque viking
8 – Bibliographie