Revisiter les correspondances de femmes, du XVIIIe siècle à nos jours, tel était l’objet du colloque de Cerisy-la-Salle : « Épistolaire au féminin : correspondances de femmes (XVIIIe-XXe siècle) ». Laissant de côté une critique consensuelle qui, de La Bruyère à Sainte-Beuve, s’est accordée à féminiser le genre épistolaire, c’est aux femmes et à la réalité de leurs pratiques que les études ici rassemblées se sont attachées pour saisir les liens, tant réels qu’imaginaires, qui se sont tissés entre la lettre et le féminin. De Mme du Deffand à Marguerite Yourcenar, en passant par Mme de Graffigny, Mme Riccoboni, Mme de Charrière, George Sand, Marie d’Agoult, jusqu’aux épistolières d’aujourd’hui, les femmes ont fait volontiers de leur correspondance le lieu où construire leur identité dans le dépassement des modèles imposés. Elles y ont aussi cherché les voies de passage entre l’écriture « ordinaire » de la lettre et le statut littéraire auquel elle aspire confusément, car dans la lettre, l’invention de soi passe par l’invention d’un style.