Après une licence de lettres obtenue à Caen et des études à la Sorbonne, c'est en 1923 que Madeleine Deries devient la première femme à se voir décerner le titre de docteur ès lettres en histoire. Ce portrait de femme contribue incontestablement à dissiper le silence qui entoure ces pionnières oubliées. Lire la suite
La mémoire collective nationale, qui a bien intégré le souvenir de la première femme bachelière, ne se souvient pas de celle qui fut la première à se voir décerner le titre de docteur ès lettres en histoire. Pas davantage dans sa région que dans son département d'origine ! Pourtant, elle est Normande. Après une licence de lettres obtenue à Caen et des études à la Sorbonne, c’est en 1923 que Madeleine Deries, une Saint-Loise, a ce privilège. L’événement est salué partout comme l’aboutissement d’une longue démarche d’émancipation féminine. Les amis, la presse, la communauté tout entière ne ménagent pas leurs congratulations hautement méritées. Ses thèses ont été publiées – Le district de Saint-Lô pendant la Révolution et L’école centrale du département de la Manche : an IV-an XI –, suivies d’articles d’un incontestable intérêt historique. Madeleine Deries représente cette longue revendication légitime d’égalité des sexes devant la connaissance. La jeune Saint-Loise, de ce point de vue, à la manière d’un guide de haute montagne, est une ouvreuse de voie. Son parcours, exemplaire à plus d’un titre, méritait bien qu’on s’y attarde. Et, pour ajouter à la pertinence de l’entreprise, la jeune femme, née en 1895, pleinement inscrite dans la vie locale saint-loise et caennaise du début du XXe siècle, va également vivre intensément les événements liés à la Grande Guerre avant de rejoindre Paris et sa prestigieuse université, la Sorbonne, tout en éprouvant les heurs et malheurs de la vie conjugale et de la maternité. Ce portrait de femme, raconté à la manière d’une passionnante enquête, contribue incontestablement à dissiper l’insupportable silence qui entoure ces pionnières oubliées.
Remerciements
Préface : comprendre la vie d'une femme intellectuelle
Avertissement
Introduction
Chapitre I
Saint-Lô en 1895 : une cité très respectable
Chapitre II
Heureux événement à l'inspection académique de la Manche
Des origines normandes et occitanes ; Baptême en l'église Notre-Dame de Saint-Lô ;
Une petite fille choyée dans le cadre champêtre des Palliers
Chapitre III
Enfance et scolarité de Madeleine
Une enfance heureuse ; Villégiature à Saint-Vaast-la-Hougue ; Une éducation traditionnelle ; Une écolière modèle
Chapitre IV
De l'école à l'université
Après l'école primaire, des études secondaires ; Une éducation ouverte sur le monde ; La bachelière ; Un séjour à Auteuil qui fut déterminant
Chapitre V
L'étudiante à l'université de Caen
L'université normande ; Une vie d'étudiante à Caen de 1916 à 1918 ; Les études à l'université ; Madeleine Deries, licencié ès lettres – 150
350 Madeleine Deries (1895-1924)…
Chapitre VI
L'étudiante est aussi une femme
Madeleine impliquée dans la Grande Guerre ; Madeleine Deries épouse Jean Dupuis ; Maternité ; Séparation, divorce et annulation du mariage religieux
Chapitre VII
La jeune femme entre dans la vie professionnelle
Stagiaire aux bibliothèque et musée de la Guerre ; Disparition de sa mère, sa confidente ; Madeleine, professeur de lettres
Chapitre VIII
La doctorante : études à la Sorbonne
Choix des professeurs et des sujets d'études ; Un exemple à dépasser : Gabrielle Rocher ; Organisation des enseignements universitaires ; La Sorbonne ; Fêtes et manifestations
Chapitre IX
Le doctorat ès lettres
La salle de doctorat ou salle Louis-Liard ; Le jury ; Les thèses ; La soutenance
Chapitre X
La consécration
Des compliments appuyés ; Première femme docteur « ès histoire » ; Diplôme de docteur ès lettres – ; Publications ; Projets et perspectives
Chapitre XI
Un diabète fatal
Docteur ès lettres en histoire mais toujours femme ; Madeleine Deries épouse Arthur Gendron ; Un diagnostic irrémédiable ; La sépulture familiale
Chapitre XII
Une femme savante vient de mourir
Émoi de la presse locale et parisienne ; Condoléances des sociétés savantes et historiques ; Regrets de ses maîtres et professeurs ; Hommages appuyés d’un père à sa fille ; « In Memoriam » ; Après les regrets, l’oubli du temps
Épilogue
Table des matières
Annexes
Bibliographie
Table des illustrations
RÉCIT. Comment la Normande Madeleine Deries est-elle devenue la première docteure en histoire ?
Une Simone de Beauvoir avant l'heure
Son biographe, Yves Marion a retracé le parcours « d'une petite fille choyée et adorée dans la Manche : car Madeleine Deries a vécu dans un milieu familial intellectuel et porteur. » Devenue docteure, elle a été « professeur de lettres, et a proposé ensuite des articles à la presse parisienne. Dont une réflexion sur l’enseignement du latin aux jeunes filles et sur le travail des femmes », rapporte Yves Marion. Elle publie dans les journaux Le Temps ou La Renaissance. « Ses écrits étaient très fermes sur la position de la femme. C’était une Simone de Beauvoir avant l’heure ! »
Madeleine Deries (1895-1924), première docteure ès histoire : itinéraire d’une étudiante au début du XXe siècle par Yves Marion, édité aux Presses universitaires de Caen.