Aux environs de 950 les livres en Normandie étaient plus rares que l’or. Presque toutes les bibliothèques monastiques avaient été incendiées et pillées. Seuls quelques manuscrits, transportés dans d’autres régions, avaient pu échapper à la destruction. Le début du XIe siècle vit renaître l’art d’écrire et d’enluminer dans les monastères normands, qui se relevaient de leurs ruines, pour acquérir très vite un éclat exceptionnel en Occident. Cet apogée des scriptoria aux XIe et XIIe siècles coïncide avec l’expansion normande en Angleterre et en Italie du Sud. Grâce au réseau des abbayes les manuscrits et les hommes du livre voyagent à travers l’Europe, de l’Écosse à la Sicile. À partir du XIIIe siècle les choses changent avec l’apparition des universités et l’intégration de la Normandie au royaume de France. Il y a désormais des ateliers où des gens de métiers et des artistes produisent des manuscrits de belle facture pour une clientèle aisée, laïque et ecclésiastique. Copistes et enlumineurs disparurent quand l’imprimerie absorba irrémédiablement le marché du livre.Cet ouvrage ouvre de nouvelles perspectives de recherche et présente une synthèse sur les cinq siècles médiévaux durant lesquels la Normandie fut une terre d’élection pour le manuscrit et l’enluminure.